Pour cette grande première, j’ai invité Camille de Foresta à répondre à notre interview “Métiers d’art”. Camille est commissaire-priseur au sein de la célèbre Maison de ventes aux enchères Christie’s à Paris, et présente aux petits lecteurs son métier et son histoire personnelle avec l’art !
Côté métier …
Quel est ton métier ?
Je suis commissaire-priseur. Mon métier est d’aller chez des gens qui ont des œuvres d’art à vendre et de leur donner une estimation de prix puis de vendre les œuvres d’art aux enchères.
Peux-tu le présenter à nos petits lecteurs ?
Les enchères c’est vendre les œuvres d’art au plus offrant. C’est-à-dire que les œuvres d’art à vendre sont présentées à plusieurs acheteurs au même moment dans une même salle, les uns après les autres les acheteurs font des offres toujours supérieures jusqu’à ce que plus personne ne surenchérisse. A ce moment là le marteau tombe établissant le prix de l’œuvre d’art. Le commissaire-priseur est une sorte d’arbitre qui prend les offres et fait tomber le marteau quand il n’y a plus d’offre supérieure.
Avant le jour de la vente le commissaire-priseur a dû donner une estimation de prix de l’œuvre d’art aux vendeurs, a fait des recherches pour trouver le maximum d’informations sur l’œuvre, a fait photographier l’œuvre par un photographe professionnel, a fait imprimer un catalogue de la vente avec les photos et les descriptions des œuvres et a contacté des acheteurs qui cherchent ce type d’œuvres.
Depuis quand souhaites-tu faire ce métier ?
J’ai toujours voulu faire ce métier car mes parents m’emmenaient dans les salles de ventes quand j’étais petite et je restais assise là dans la salle : j’étais éblouie par le monsieur sur l’estrade derrière son pupitre, marteau à la main, qui criait très fort, faisait de grands gestes, faisait des blagues et ressemblait à un chef d’orchestre. C’était presque toujours un monsieur, il n’y avait que très peu de dames qui faisait ce métier quand j’étais enfant.
Côté art …
Quel est ton premier souvenir dans un musée ?
Mon premier souvenir dans un musée c’est au musée Granet à Aix en Provence où j’ai grandi. C’est la ville du célèbre peintre Paul Cézanne et au musée Granet est conservé un portrait qu’il a fait de sa femme. Je le trouvais drôle car on aurait dit que le visage de Madame Cézanne était ponctué de plein de petites taches de couleur.
J’ai aussi deux souvenirs de conférences où ma grand-mère m’avait emmenée quand j’étais petite : la première était sur Jérôme Bosch, un peintre flamand du 15ème siècle dont les toiles me fascinaient car elles étaient pleines de couleurs et de monstres. On pouvait les regarder pendant des heures comme une bande-dessinée. Cela faisait un peu peur car on aurait dit que ses personnages se faisaient punir car ils faisaient trop de bêtises.
Un autre souvenir était une conférence du même monsieur sur le peintre français Jean-Honoré Fragonard du 18ème siècle, c’était très joli car on voyait de belles dames très élégantes dans de somptueuses robes faire de la balançoire à l’ombre des arbres dans des jardins avec de beaux messieurs et j’avais envie d’être à leur place.
Le conférencier avait parlé de « sémillante polissonnerie », une expression qui ne m’a plus jamais quittée.
As-tu un souvenir d’art à nous partager ?
Quand j’étais en deuxième année de maternelle notre maîtresse d’école qui s’appelait Anne nous avait montré des images des œuvres du peintre espagnol du 20ème siècle Antoni Tapies et nous avait demandé de revenir le lendemain avec des objets de la maison pour faire « notre Tapies ». J’étais revenue avec une paire de chaussettes et du sable que j’avais pris dans le bac à sable le soir au parc après l’école et j’avais collé tout ça sur un carton. C’est en grande partie grâce à Anne que j’ai décidé de travailler dans le monde de l’art et je la remercie encore.
Quelle est ton oeuvre préférée dans toute l’histoire de l’art ?
Mon œuvre préférée dans toute l’histoire de l’art est le Portrait de Madame d’Haussonville par Jean-Dominique Ingres un peintre français du 19ème siècle. J’aime tout dans ce tableau en premier lieu le modèle une jolie femme aux yeux bleus à l’air espiègle. C’est un portrait officiel qui se veut sérieux pourtant elle a un sourire ironique que j’adore. Elle regarde le spectateur droit dans les yeux comme si elle se moquait un peu de lui. Aussi j’adore sa belle robe bleue et les rubans rouges qu’elle a dans sa jolie coiffure, ses beaux bijoux sur ses bras blancs et la façon dont elle pose sa joue sur son doigt. Je me sens proche de cette femme Louise d’Haussonville qui comme moi aimait la musique, la littérature et les arts, quand Ingres commence son portrait elle a à peine 24 ans.
Elle est une amie pour moi.
Une amie qui habite à New York car le tableau est conservé à la Frick collection qui est une maison magnifique sur la cinquième avenue.
A chaque fois que je vais à New York je vais lui dire bonjour.
Quel Musée visité récemment recommandes-tu à nos petits lecteurs ?
Je suis retournée très récemment au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris qui est un musée extraordinaire. J’aime beaucoup y aller car j’adore les animaux et on y apprend absolument tout sur les bêtes, où elles vivent, ce qu’elles mangent, leurs habitudes et leurs particularités. Le musée est très ludique, on peut pousser des portes, ouvrir des tiroirs, on ne sait jamais ce qu’on va trouver. Il y a aussi beaucoup d’animaux empaillés, ils sont tous magnifiques et certains comme l’ours blanc et le sanglier font un peu peur. On peut même voir les crottes et les traces dans la terre que les animaux laissent sur leur passage et qui permettent de les identifier. En plus à chaque visite on découvre quelque chose de nouveau dans ce musée car des artistes contemporains sont souvent invités pour cacher leurs œuvres parmi les collections permanentes. C’est comme un jeu de piste !
Un grand merci à Camille d’avoir répondu à nos questions !
Osez l’art ! Osez l’art pour les enfants !
Bisous. A bientôt !