MArie-Antpinette_VigeeLeBrun_OsezJosepha

Le choix du peintre n’est pas totalement anodin. Elisabeth Louise Vigée Le Brun, vous connaissez ? Peut-être pas… Marie-Antoinette, Reine de France, vous connaissez ? L’une est la portraitiste officielle de l’autre !

Josepha… Marie-Antoinette, le lien est là. Josepha est le troisième nom de la Reine Marie-Antoinette, née Maria Antonia Josepha Johanna de Habsbourg Lorraine. Et Marie-Antoinette, pas la Reine, une autre, née à Paris en 1986, est l’auteur de ce blog.

Des #PetitsModèles d’un Grand Peintre acteurs d’un “coup de com” au XVIIIème siècle !


Marie-Antoinette de Lorraine-Habsbourg, Reine de France et ses enfants, 1786, Elisabeth Louise Vigée le Brun (1755-1842), Huile sur toile, H. 275,2 ; L. 216,5 cm.
©  Château de Versailles, dist. RMN – Grand Palais / Christophe Fouin

Ce portrait monumental représentant Marie-Antoinette et ses enfants (qui pèse près de 200 kg !), par le peintre Elisabeth Louise Vigée Le Brun est l’un des tableaux les plus célèbres représentant la Reine.

J’ai choisi ce tableau par son sujet, mais aussi par ce qu’il représente politiquement pour l’époque : un “coup de com”. La représentation de nos petits modèles, comme tentative de réconciliation avec les français …

Nous allons voir comment les enfants de la Reine ont servi la réputation de leur mère face à une opinion publique la considérant comme une reine insouciante, dépensière, fuyant son rôle…

Ainsi, je vais vous présenter : l’oeuvre dans son ensemble, ma petite étude de la figure des enfants, puis une brève présentation du peintre.

Il y a toujours beaucoup à dire sur les tableaux et les artistes. J’ai réduit mon petit exposé pour simplement vous donner les éléments clés d’appréhension de l’oeuvre et donc vous aider à l’aborder avec des enfants.

Mais aussi vous convaincre d’utiliser des oeuvres figurant des petits modèles pour montrer de l’art à des enfants !

Avant de commencer…

Mais avant tout, je vais commencer par vous poser quelques questions, pour vous plonger dans l’oeuvre. Elles sont sans réponses, c’est normal. C’est en réalité un petit exercice pratique que je vous propose.

Lorsque vous êtes devant un tableau avec un enfant, je vous invite d’abord à commencer par lui poser des questions, pour s’imprégner de l’oeuvre.

Qui peut-on voir sur le tableau ? Combien est-ce qu’il y a de personnages, et d’enfants ? Comment et où sont-ils installés ? Quel est le décor ? Comment sont habillés les enfants ? Que font-ils (ils jouent, ils posent…?) Quel âge ont-ils ?

Voilà, rapide et pas très difficile non ?

Ces quelques questions doivent vous aider simplement et rapidement à dresser le sujet de l’oeuvre, son époque et genre.

Mais pour le plaisir, en voici une brève présentation.

L’oeuvre :

En 1786, le Roi commande à Elisabeth Louise Vigée Le Brun, peintre officielle de Marie-Antoinette – son amie et aussi confidente – une oeuvre monumentale ; la représentant, entourée de ses enfants, garants de la continuité dynastique. L’oeuvre ne fut achevée qu’en 1787.

Par cette oeuvre, le couple royal souhaitait restaurer la popularité de la Reine, alors au plus bas dans l’opinion publique. Après son image de dépensière puis de jeune insouciante repoussant son devoir royal et enfin la célèbre affaire du collier, le Roi souhaitait rapprocher la Reine du public en la représentant entourée de ses enfants, dans son rôle de Mère et de Souveraine. Et ainsi tenter sans doute d’attendrir l’opinion…

Marie-Antoinette fût par ailleurs une des premières reines ‘maman’, très attentionnée envers ses enfants, soucieuses de leur éducation. Le sujet du tableau ne pouvait être que sincère et la pose naturelle.

L’artiste, peu habituée des portraits de groupe, a demandé des conseils au peintre Jacques-Louis David. C’est ainsi que pour la partie théorique, Vigée le Brun s’est inspirée des représentations de la Sainte Famille : la Reine, mère au sommet de la pyramide, et les enfants la complétant.

Exposé dans les appartements de la Reine, Marie-Antoinette fait retirer le tableau après la mort du Dauphin. Ainsi remisée, l’oeuvre a pu être sauvée du saccage du Château de Versailles à la Révolution.

Les petits modèles :

Nous pouvons voir sur le tableau trois enfants entourés de Marie-Antoinette, leur mère, Reine de France.

Sur ses genoux, Louis Charles (1785 – 1795), entre 1 et 2 ans sur le tableau et 3ème enfant de la Reine. Futur Louis XVII, Marie-Antoinette le surnomme “chou d’amour”.

A gauche, Madame Royale, Marie-Thérère de France (1778 – 1851), entre 8 et 9 ans sur le tableau et fille aînée du couple royal. Surnommée “Mousseline-la-sérieuse”, elle survivra à la Révolution Française.

A droite, Louis Joseph (1781 – 1789), alors Dauphin (héritier de la couronne) et âgé entre 5 et 6 ans sur le tableau. Il porte le ruban bleu et la plaque de l’Ordre du Saint-Esprit, montrant ainsi son rang et l’importance que l’on lui accorde. Il mourra à 8 ans, laissant à Louis Charles la place de Dauphin.

L’ainée regarde sa mère tendrement, le Dauphin a la stature d’un roi ; comme sa mère, son regard fait face au public tandis que Louis-Charles regarde en direction de son frère, futur Roi de France.

Et enfin, le berceau. Berceau qui occupe beaucoup de place sur le tableau, et que l’on pense être celui de Louis-Charles, mais qui est en réalité… vide !

Il s’agit du berceau du 4ème et dernier enfant de la Reine ; Sophie Béatrice, née le 9 juillet 1786, et décédée 11 mois plus tard. L’artiste a commencé le tableau un peu avant sa mort, et avait donc déjà peint le berceau. Un croquis de l’enfant réalisé par le peintre montre que son quatrième enfant était bien prévu sur le tableau.

La posture des enfants, royaux, mais aimants, et qui ressemblent à des …enfants, leur position sur le tableau (sur les genoux par exemple), montre le rapport que Marie-Antoinette entretenait avec ses enfants. Nouveau pour l’époque, car une Souveraine ne s’occupait jamais de ses enfants, et ne devaient pas montrer d’affection pour eux.

C’est une approche évoquée par les Lumières et Jean-Jacques Rousseau, dont la Reine s’inspire pour l’éducation de ses enfants, principes modernes décrits par l’auteur dans son célèbre “Emile ou De l’éducation”.

Les portraits de Marie-Antoinette avec ses enfants suivis par les commandes des aristocrates et de la cour sur le même thème lancent même une mode artistique ! D’ailleurs les reines suivantes, en Europe se plieront ensuite à l’exercice.

Les familles royales modernes n’ont rien inventé en posant pour Paris Match ou Point de Vue, et continuent via l’utilisation des réseaux sociaux à poser en famille pour attendrir l’opinion publique !

Peintre :

Elisabeth Louise Vigée Le Brun – 1755 -1845

Artiste peintre, Elisabeth Louise Vigée Le Brun s’est spécialisée dans les portraits. Très réputée en son temps, Elisabeth devient très vite la portraitiste demandée par toute la cour et l’aristocratie jusqu’à devenir le peintre officiel de … Marie-Antoinette ! A partir de 1778, le peintre réalisera près de trente portraits de la Reine. Portraits officiels, portraits de “coup de com” (comme notre oeuvre ici) ou encore portraits de la Souveraine en “tenue d’intérieur” qui raviront les contestataires de la Reine…

Au delà d’une remarquable technique, qui l’élève au range des plus grands portraitistes de son temps, Elisabeth Louise Vigée Le Brun sait camoufler, ou améliorer, les défauts physique de Marie-Antoinette. Technique très appréciée par la Reine qui en fera son amie et sa confidente …

Fille d’un pastelliste dont elle était très proche mais qui décèdera à ses 12 ans, Elisabeth Louise Vigée Le Brun dessine dès son plus jeune âge. A 21 ans, la jeune prodige épouse le marchand de tableaux Jean-Baptiste Pierre Vigée Le Brun.

Une formation au sein d’ateliers de célèbres peintres, un frère poète reconnu, le réseau de son mari et bien sûr son talent, lui permettent de rapidement recevoir des commandes et de devenir une artiste phare de son temps. Ses oeuvres témoignent aujourd’hui des usages de la mode et de l’évolution du statut de la femme de son époque.

Alors que la Révolution se fait sentir, proche de la Reine, Elisabeth Louise Vigée Le Brun s’exile en Italie, où son talent se fait vite repérer. Elle continue d’être une artiste star et peut vivre confortablement. Rentrée en France en 1805, Elisabeth Louise Vigée Le Brun se remet au service de l’Empire et de l’aristocratie européenne.

Une femme délicate mais de pouvoir, une femme peintre qui s’élève au niveau des peintres hommes de son temps dans un contexte où une femme dont le statut dépend de celui de son mari, amie de la Reine Marie-Antoinette*, bref, une femme brillante !

Où voir le tableau :

Château de Versailles Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, dans l’antichambre du Grand Couvert, dans les Grands Appartements du Corps central du Château.

Osez l’art ! Osez l’art pour les enfants !

Note : * Je ne suis pas royaliste ni admiratrice de la monarchie, simplement, avec le prénom que j’ai je n’ai pu que très jeune m’attacher à cette figure du XVIIIème siècle !

Bibliographie :

Un jour avec Marie-Antoinette, Hélène Delalex, 2015, Flammarion / Marie-Antoinette, Le triomphe de l’élégance et du luxe ,Evelyne LEVER, Frédéric Dassas, Jacques Garcia, Beaux -Arts Editions, 2008 / Elisabeth Louise Vigée Le Brun, sous la direction de Joseph Baillon et Xavier Salmon, Editions de la Réunion des Musées Nationaixu – Grand Palais, 2015

Marie-Antoinette

Des musées. des enfants. Des enfants au musée. du musée pour les enfants.

Vous pourriez aussi aimer...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *